Haydn, l’intégrale des concertos pour violon
Soliste, Gilles Colliard
L’histoire de Joseph Haydn en tant que compositeur se confond presque avec celle d’une des plus grandes familles hongroises, la famille Esterhazy, à laquelle il restera lié de son premier engagement le 1er mai 1761, jusqu’à sa propre mort en 1809, servant successivement quatre princes différents. Le second de ces princes, Nicolas, surnommé Le Magnifique, eut Haydn à son service pendant 28 riches années d’expérimentations et de créations. Dans son palais appelé Eszterhaza , le prince faisait donner jusqu’à 242 représentations par an , et Haydn y bénéficiait d’un orchestre permanent, privilège rare pour un compositeur.
Si Haydn n’est pas l’inventeur du quatuor ou de la symphonie, il en fixa les formes : « À la tête d’un orchestre, je pouvais me livrer à toutes les audaces. Coupé du monde, je n’avais personne pour m’importuner, et ne pu que devenir original ». Après la très longue période baroque, c’est bien Haydn qui est le compositeur le plus représentatif du classicisme, Mozart étant de son côté déjà comme emporté par le « Sturm und Drang » qui en Allemagne préfigure le romantisme. Les deux hommes se lient d’amitié, le plus jeune appelant « papa Haydn » celui qui est de 24 ans son aîné et dont le caractère débonnaire est apprécié de tous, et le plus âgé disant de l’autre qu’il est « le plus grand compositeur que le monde connaisse ».
Compositeur prolifique, Haydn compose 104 symphonies. Mais cela ne le détourne pas d’une importante production concertante à l’intérieur de laquelle on trouve les trois concertos pour violon de ce programme.
Les concertos en Ut et en Sol ne seront publiés qu’en 1909, preuve s’il en faut une, du peu d’intérêt que manifestèrent les siècles précédents pour la redécouverte des compositeurs et des oeuvres du passé.
Moins connu que le concerto en Ut, dont l’adagio est l’un des mouvements les plus réussis de toute la production de Haydn, le concerto en Sol s’imprègne de la tradition baroque autrichienne. Ici aussi, le mouvement lent touche au sublime.
Quant au concerto en La, il fut considéré comme perdu jusqu’en 1949, date à laquelle on le retrouva à l’abbaye de Melke en Autriche. Des trois, il est celui qui est le plus ancré dans l’esprit baroque.
Le concerto en Ut a été composé entre 1761 et 1765 pour Luigi Tomasini, premier violon de l’orchestre Esterhazy comme en atteste une note manuscrite de Haydn lui-même sur le premier catalogue qu’il dresse de ses œuvres en 1765.